Depuis le début de l’année 2021, les experts du marché de l’énergie ont constaté une forte augmentation des prix de l’électricité et du gaz sur les marchés de gros, aussi appelés marchés forward. Qu’en est-il exactement et est-ce que cette augmentation va avoir un impact sur nos factures d’énergie ?

Les marchés forward, quésako ?

Les marchés forward – ou « à terme » – permettent aux fournisseurs d’énergie d’acheter leur électricité et leur gaz naturel en quantité suffisante afin de les revendre aux clients résidentiels dans un futur proche ou lointain. Le prix d’achat de l’énergie sur ces marchés est fixé le jour de la conclusion du contrat, même si la livraison de l’électricité et du gaz est différée. De quoi rassurer les fournisseurs d’une éventuelle hausse des prix au moment de la livraison, donc..

L’augmentation des prix du marché forward

En 2020, à l’heure où la pandémie de coronavirus frappait la planète entière, les coûts de l’énergie ont considérablement et historiquement diminués. Aujourd’hui, en 2021, bien que la situation sanitaire ne soit pas complètement résolue, les usines, entreprises et autres consommateurs lambda reprennent du service et les besoins en matière d’énergie ne cessent d’augmenter.

C’est donc presque naturellement que les prix du marché de gros ont augmenté, de 30€/MWh pour l’électricité en période de confinement à près de 80€/MWh à l’heure actuelle !

Quels sont les facteurs de la hausse des prix de l’énergie sur le marché de gros ?

En réalité, on distingue trois facteurs principaux responsables de l’augmentation des prix de l’énergie sur le marché forward.

1. La relance économique post-coronavirus

Comme expliqué plus haut dans cet article et comme le confirme Sophie Lenoble, porte-parole de la CREG, « les prix ont été historiquement bas en 2020, en grande partie à la suite de pandémie mondiale. Les prix remontent depuis quelques mois, notamment avec l’augmentation de la reprise et de la demande ».

En bref, il s’agit simplement de la loi de l’offre et de la demande ; plus il y a de demande en énergie, plus les prix vont augmenter et inversement.

2. Le prix de la tonne de CO2

Le prix du CO2 a également une influence sur les prix des marchés. En effet, la production d’électricité nécessite plusieurs sources d’énergie telles que le gaz ou le charbon, ce dernier produisant énormément de CO2. Dès lors, lorsque le coût d’émission d’une tonne de CO2 augmente, les producteurs ont tendance à opter pour le gaz plutôt que pour le charbon. C’est donc logiquement que la demande de gaz augmente ainsi que son prix.

Aujourd’hui, le prix de la tonne de CO2 revient à 55 euros contre seulement 30 euros en août 2020. Les coûts de production d’électricité grise, principalement le charbon, deviennent donc plus onéreux pour les producteurs concernés.

3. La diminution du stockage de gaz en Europe

La CREG a confirmé que le stockage de gaz sur le continent européen était inférieur de 37% à la moyenne observée les années précédentes. Cela fait donc de l’Europe un continent importateur et non plus exportateur, ce qui exerce une certaine pression sur les prix de l’énergie.

D’autres facteurs secondaires qui ont aussi leur importance

La hausse des prix de l’énergie sur les marchés du gros peut se traduire également par d’autres facteurs :

  • Les températures anormalement basses des mois d’avril et mai derniers qui ont sans conteste fait augmenter la demande ;
  • Le Brexit qui n’a pas favorisé les connexions entre le continent et le Royaume-Unis en termes d’électricité ;
  • La production d’électricité issue de l’éolien et du photovoltaïque en dessous des prévisions.

Quelles conséquences pour le consommateur final ?

Dans un rapport publié par la CREG le 20 août 2021, le régulateur fédéral a analysé l’impact potentiel que l’augmentation des prix du marché de gros pourrait avoir sur les factures annuelles de décomptes des consommateurs.

Pour les ménages ayant souscrits à des contrats à prix fixes

Dans le cas où le consommateur a souscrit un nouveau contrat d’énergie à prix fixe en 2020, au moment où les prix de l’énergie étaient au plus bas, la CREG estime qu’il n’est pas nécessaire de changer de contrat ou de fournisseur d’énergie.

A l’opposé, si votre contrat arrive bientôt à échéance, il est recommandé d’effectuer un comparatif des prix de l’énergie et de suivre de près l’évolution de ces derniers afin de vous tourner éventuellement vers un contrat aux tarifs plus attractifs.

>> Lire aussi : 4 bonnes raisons de faire appel à un comparateur de prix pour vos factures d’énergie

Pour les ménages ayant souscrits à des contrats à prix variables

En ce qui concerne les contrats d’énergie à prix variables, l’explication est plus complexe et concerne les deux composantes de la facture : le prix et le volume.

Commençons avec le prix : les formules tarifaires variables sont généralement indexées chaque trimestre (voire chaque mois) en tenant compte de l’évolution des prix sur les marchés à terme. Cela veut dire que le client paiera son énergie à un tarif différent chaque trimestre (ou chaque mois). La hausse des prix observée depuis le début de l’année a déjà sensiblement influencé les indices des 2ème et 3ème trimestres.

Abordons maintenant la composante volume : on mesure la consommation d’un client résidentiel à l’aide du relevé de compteur annuel. La différence entre les deux index détermine le volume consommé entre les deux dates de relevé. Comment le fournisseur peut-il savoir quelle proportion de ce volume a été consommée au premier trimestre et y appliquer le tarif correspondant ? C’est ici qu’interviennent les Synthetic Load Profiles (SLP)*. Derrière ce nom barbare se cache une répartition très précise de la consommation annuelle en électricité ou en gaz d’un client résidentiel. Ainsi, il est possible de déterminer précisément quel volume est consommé au mois de janvier, février, etc. Intuitivement, on comprend aisément qu’un ménage ne consommera pas la même quantité de gaz en janvier qu’en juillet. En effet, les volumes consommés aux deuxième et troisième trimestres sont relativement faibles. Par conséquent, la hausse des tarifs variables sur ces deux trimestres aura une incidence moindre sur la facture de décompte annuelle. L’augmentation des prix se fera nettement plus ressentir sur les premier et quatrième trimestres qui représentent respectivement 80% de la consommation annuelle de gaz et 55% de la consommation annuelle d’électricité.

*NB : Les courbes SLP sont calculées chaque année sur base des consommations historiques de milliers de point de consommation répartis partout en Belgique.

En août 2021, le régulateur atteste d’une augmentation de 17 % pour le gaz contre 44 % pour l’électricité :

  • Pour l’électricité en août 2021, on constate une augmentation de 49 euros par rapport à août 2019 et de 70 euros par rapport à août 2020 ;
  • Pour le gaz naturel en août 2021, on constate une augmentation de 81 euros par rapport à août 2019 et de 111 euros par rapport à août 2020.

Dans le tableau ci-dessous, retrouvez les prix moyens des offres tarifaires des fournisseurs belges d’août 2019 à août 2021.

EnergieAoût 2019Août 2020Août 2021
Electricité (3500 kWh / an)891 €814 €1014 €
Gaz (23 260 kWh/ an)1031 €825 €1609 €
Source : CREG

Que faire pour contrer cette augmentation des prix de l’énergie ?

Dans le cas où vous avez souscrit un contrat à prix fixe avant le deuxième trimestre 2021 et même si les prix de l’énergie continuent d’augmenter de cette façon lors du quatrième trimestre, la CREG vous conseille de ne pas changer de contrat afin de toujours bénéficier des prix les plus bas.

Cependant, à l’échéance de votre contrat, nous vous conseillons de comparer les offres disponibles sur le marché via les comparateurs certifiés par la CREG et / ou via les outils comparatifs mis en place par les régulateurs régionaux. Mais, si vous souhaitez changer de contrat avant son échéance, vous êtes libre de le faire autant de fois que vous le voulez puisque, depuis la libéralisation du marché de l’énergie, le changement de fournisseur est une démarche gratuite qui nécessite simplement une période de préavis de minimum quatre semaines. Ainsi, dès que vous remarquez une baisse des prix du marché, pensez à comparer et à opter pour une offre fixe moins chère.

Jérémy Wolf, directeur opérationnel chez Wikipower, confirme d’ailleurs au micro de la RTBF :
« Généralement, les contrats variables sont meilleurs marchés que les contrats fixes puisqu’ils comportent moins de risque pour les fournisseurs.  Néanmoins, les consommateurs ayant souscrits à ce type de contrat se retrouvent maintenant dans une situation délicate, étant donné que les prix du marché sont très élevés. Pour ces personnes-là, nous conseillons tout de même de vérifier les prix en allant sur des comparateurs. La CREG labélise plusieurs comparateurs et certains, tels que « Comparateur-Energie.be», donnent accès à toutes les offres du marché, qu’elles soient fixes ou variables. Cela permet aux consommateurs de mesurer le coût de leur contrat par rapport à d’autres et de voir s’il n’existe pas de meilleures alternatives. ».

Le saviez-vous ? Comparateur-Energie.be est le premier site à avoir reçu le label et donc, la certification de la CREG. Cela signifie que nous comparons les prix de manières totalement transparente

>> Lire aussi : Comparer les fournisseurs d’énergie : les erreurs à ne pas commettre

En plus de comparer régulièrement les tarifs proposés par les fournisseurs, nous vous suggérons de suivre attentivement l’évolution des prix de l’énergie. Pour ce faire, des outils tels que le CREG-Scan sont mis en place et vous permettent de savoir si le prix que vous payez actuellement est en adéquation avec le marché actuel. Vous saurez aussi, en fonction de votre consommation, vers quel fournisseur vous tourner pour avoir la garantie des meilleurs tarifs !

Enfin, pour éviter une mauvaise surprise en fin d’année avec une facture de décompte bien trop élevée, n’hésitez pas à revoir le montant de vos acomptes à la hausse.

Vous avez des questions sur l’augmentation des prix de l’énergie ou le montant adéquat à choisir pour vos mensualités ? Contactez nos experts en énergie gratuitement au 0800 37 369 du lundi au vendredi de 9h à 18h.

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