Panneaux solaires : pourquoi vous pourriez bientôt payer pour injecter votre électricité

Vous pensiez faire des économies avec vos panneaux solaires ? Et si on vous disait que, dans certains cas, vous pourriez devoir payer pour injecter votre électricité sur le réseau ? Ce phénomène, appelé tarif d’injection négatif, gagne du terrain en Belgique. Il se produit lorsque la production d’électricité dépasse la demande, notamment lors de journées très ensoleillées ou pendant les vacances, ce qui sature le réseau.

Résultat : ce qui devait être une source d’économie peut devenir une charge supplémentaire, surtout si vous n’avez pas adapté votre installation ou vos habitudes de consommation. Et la situation n’est pas exceptionnelle : entre incertitude météo, décisions politiques et évolution du marché, de plus en plus de producteurs domestiques se retrouvent dans le rouge… en produisant du vert.

Qu’est-ce qu’un tarif d’injection négatif ?

En Belgique, de plus en plus de propriétaires de panneaux photovoltaïques sont confrontés à un phénomène surprenant : les prix d’injection négatifs. Cela signifie que, dans certaines situations, vous devez payer pour injecter votre surplus d’électricité solaire sur le réseau, au lieu de percevoir une rémunération.

Ce phénomène s’explique lorsque la production d’énergie solaire dépasse la consommation électrique. Le réseau devient alors saturé, notamment lors de journées très ensoleillées avec faible demande (week-ends, vacances, etc.). Pour éviter la surcharge, le système tarifaire devient dissuasif.

Pourquoi les prix d’injection deviennent-ils négatifs en Belgique ?

Les tarifs d’injection négatifs apparaissent principalement lorsque :

• La production photovoltaïque est très élevée (ensoleillement fort),
• La consommation électrique est basse (moins de demande sur le réseau),
• Le réseau n’arrive pas à absorber tout le surplus d’énergie verte.

Exemple concret : l’offre Eco Clear d’Octa+

Un cas typique est celui de l’offre Eco Clear d’Octa+, qui applique la formule suivante pour l’électricité injectée en ce mois de mai 2025 :

-3,401 + (BELPEX_SPPM × 0,0908)

Avec une valeur de l’indice CREG de 32,11 €/MWh (avril 2025), nous obtenons la formule suivante : -3,401 + (32,11 x 0.0908) qui donne un tarif estimé à -0,49 cent/kWh injecté. Cela signifie que vous payez 0,49 cent par kWh que vous injectez sur le réseau.

Attention : ce calcul repose sur des données approximatives et peut varier d’un mois à l’autre. Il est donc essentiel de vérifier régulièrement les formules tarifaires et les indices utilisés.

Quel impact pour les particuliers avec des panneaux solaires ?

Des coûts supplémentaires imprévus

Il est possible que des frais s’ajoutent à votre facture selon le régime choisi. Par exemple, le forfait panneaux solaires de 7,42 €/kVA/mois s’applique uniquement si vous êtes en régime de compensation (autoconsommation nette). En régime d’injection pur, ce tarif ne s’applique pas, mais vous êtes exposé aux variations des prix d’injection, parfois négatifs.

À noter que le forfait panneaux solaires est un coût commercial propre à chaque fournisseur qui est ajouté aux factures. À ne pas confondre avec le tarif prosumer qui, lui, correspond à un coût imposé par le gestionnaire de réseau, indépendant du fournisseur. Il s’applique à tous les prosumers qui possèdent un compteur qui tourne à l’envers, peu importe leur fournisseur.

Rentabilité des panneaux solaires : une équation plus complexe

L’apparition de tarifs négatifs complique l’analyse de rentabilité. Il devient difficile d’estimer avec certitude :

• Le retour sur investissement d’une installation photovoltaïque,
• Le gain annuel net après injection et autoconsommation,
• L’intérêt de rester en régime de compensation ou de passer à l’autoconsommation optimisée avec batterie.

Comment éviter de payer pour injecter son électricité ?

Pour éviter ou limiter les effets négatifs des prix d’injection, plusieurs solutions existent :

Augmenter votre autoconsommation

• Lancez vos électroménagers (machine à laver, lave-vaisselle) en journée.

• Rechargez votre voiture électrique pendant les heures d’ensoleillement.

• Utilisez des systèmes de gestion intelligente de l’énergie.

Investir dans une batterie domestique

Les batteries solaires permettent de stocker l’électricité produite pour une utilisation ultérieure, notamment en soirée ou en période creuse. Cela permet de :

• Réduire votre dépendance au réseau,
• Minimiser vos injections (et donc les frais),
• Optimiser votre autoconsommation.

D’autres pistes, comme le partage d’énergie entre voisins ou les communautés énergétiques, sont explorées dans certains projets pilotes, mais ne sont pas encore accessibles au grand public. Il faudra donc compter avant tout sur l’autoconsommation et le stockage individuel pour optimiser sa production solaire.

Qu’en est-il des contrats dynamiques ?

Les contrats d’électricité dynamiques (par exemple chez Engie ou Eneco) proposent des prix par tranche horaire ou par quart d’heure, en fonction du marché. En période de faible demande :

• Le prix de l’énergie peut devenir négatif pour la consommation (vous êtes payé pour consommer),
• Mais aussi pour l’injection (vous payez pour injecter votre électricité).

En 2023, selon Eneco, les prix de l’électricité ont été négatifs pendant 222 heures, soit 2,5 % du temps. Ce phénomène devrait se renforcer dans les années à venir, avec l’augmentation du parc photovoltaïque résidentiel.

Conclusion : faut-il encore injecter son électricité ?

L’électricité verte est précieuse, mais pas toujours rentable à injecter. Pour les propriétaires de panneaux photovoltaïques en Belgique, l’heure est à l’optimisation :

• Optimisez votre autoconsommation,
• Stockez quand c’est possible,
• Analysez les contrats d’électricité dynamique,
• Comparez régulièrement les offres et régimes d’injection.

Vous produisez de l’électricité ? Assurez-vous qu’elle travaille pour vous, et non contre votre portefeuille.