Points clés :
En mai 2020, le régulateur fédéral (CREG) et les régulateurs régionaux (VREG, CWaPE et Brugel) ont publié une étude conjointe. Celle-ci comparait les prix de l’énergie en Belgique par rapport à ceux des pays voisins, au 1er janvier 2020.
Elle a ainsi mis en exergue que la facture de gaz des Belges (1.056 euros) est en moyenne bien plus avantageuse que celle de nos voisins néerlandais qui payent près du double (2.088 euros). Nous sommes également mieux lotis que les ménages français (1.542 euros) et allemands (1.341 euros). Il n’y a guère que les Britanniques qui bénéficient d’une facture plus basse que la nôtre (1.015 euros), mais la différence de niveau entre les deux est mince.
On notera toutefois que les conclusions divergent lorsque l’on regarde le détail par Région belge. Ainsi les Flamands déboursent pour le gaz moins de mille euros par an (915 euros pour être précis), alors que les Wallons doivent s’acquitter de 1.182 euros annuellement.
Comment expliquer une telle disparité entre les pays concernés par l’étude, voire même entre les Régions ? Que faire si votre facture est plus élevée que la moyenne belge ? Quels sont vos leviers d’influence ? Comparateur-Energie.be a fait son enquête.
Pour bien comprendre d’où viennent les différences observées entre pays, il faut d’abord comprendre la composition d’une facture de gaz. Et ce n’est pas une mince affaire ! La principale difficulté vient du fait que chacun des pays observés intègre des considérations différentes dans le calcul du prix final facturé. Néanmoins, il est possible d’observer 4 grandes composantes qui reviennent systématiquement :
Il s’agit du prix de la molécule d’énergie à proprement parler. Il est librement déterminé par les fournisseurs et varie donc de l’un à l’autre. C’est la seule des quatre composantes qui peut être négociée en fonction des besoins du client.
Aucun des pays observés n’échappe à la taxe sur la valeur ajoutée. Dès lors que l’on commercialise un service ou un bien à des particuliers, une TVA s’applique. Néanmoins, son pourcentage n’est pas le même d’un pays à l’autre, ce qui peut créer des différences notables.
Cette composante permet de rémunérer les gestionnaires de réseau de transport (GRT) et de distribution (GRD). Contrairement au prix de l’énergie, les coûts de réseau sont non négociables. En Belgique, ils doivent être approuvés par les régulateurs fédéral et régional dont il dépend. Notons qu’ils fluctuent d’une zone géographique à l’autre, en fonction de nombreux critères, tels que la densité de population ou les lois.
Tous les autres coûts ou taxes sont regroupés dans cette catégorie. Cette dernière composante varie grandement d’un pays à l’autre en fonction de leurs politiques énergétiques. Il est donc compliqué de détailler avec exactitude les postes de coûts qu’elle reprend. En Belgique, cette catégorie comprend les redevances et les surcharges, comme par exemple tout ce qui concerne les investissements dans l’énergie renouvelable.
>> En savoir plus sur le prix du gaz
Si vous n’aviez pas prêté attention aux tarifs du gaz ces dernières années, vous pourriez avoir une belle surprise en les découvrant aujourd’hui. En effet, au 30 septembre 2020 (dernières données disponibles), la facture annuelle de gaz des Belges avait chuté de 39 % sur les 24 derniers mois, soit une différence de 558 euros entre les deux périodes. Elle n’avait plus atteint ce niveau plancher depuis 10 ans.
Les causes seraient d’origine conjoncturelle. Il y a bien sûr eu la crise sanitaire de 2020, mais avant cela, il y avait aussi des conditions météorologiques favorables deux années de suite. Pourtant, les pays voisins, situés aux mêmes latitudes, n’ont pas enregistré exactement les mêmes tendances sur ce laps de temps. Résultat, au 1er janvier 2020, le coût du gaz en Belgique était descendu au même niveau qu’au Royaume-Uni. Il était ainsi devenu particulièrement avantageux en comparaison à l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Tentons de comprendre d’où viennent vraiment ces différences de prix.
Prix moyen par MWh (01/01/2020) | |
Belgique – Bruxelles | 46,03 € |
Belgique – Flandre | 39,35 € |
Belgique – Wallonie | 50,80 € |
Belgique | 45,39 € |
Allemagne | 57,68 € |
France | 66,29 € |
Pays-Bas | 89,77 € |
Royaume-Uni | 43,66 € |
Regardons plus en détail les résultats de l’étude des régulateurs. On remarque d’emblée une chose : toutes les composantes de la facture sont généralement moins élevées en Belgique que pour les 4 autres pays.
Pour la composante énergie, il n’y a que les Allemands qui bénéficient d’un coût légèrement plus avantageux que nos trois régions belges. En revanche, ils subissent des taxes et des coûts de réseau plus élevés.
Si on s’attarde d’ailleurs plus particulièrement sur la composante des coûts de transport et de distribution, on observe que les différences sont peu marquantes entre les pays, à l’exception des Pays-Bas. Les ménages néerlandais bénéficient effectivement de très faibles coûts de réseau, mais en contrepartie, ils sont assommés de surcharges. Celles-ci composent ainsi 45 % de leurs factures. Au final, les Belges payent donc 49 % moins cher que les Néerlandais pour la consommation de gaz naturel !
Voici donc à quoi ressemblent les prix du gaz moyens pour chaque pays en termes de proportions :
Il apparait clairement que les Région flamande et bruxelloises possèdent deux atouts de taille :
On notera cependant que ces observations s’appliquent moins à la situation des Wallons. Rappelons cependant qu’en valeur absolue, le prix final du gaz en Wallonie reste plus avantageux qu’en Allemagne, en France et aux Pays-Bas.
Dès lors, cela démontre bien que les Belges ont une plus grande capacité de contrôle sur leurs factures. Non seulement ils payent un tarif relativement bas comparé aux autres pays observés, mais en plus, ils peuvent influencer plus fortement le niveau de leurs factures en renégociant le prix de la composante énergie. Bien choisir son contrat d’énergie peut dès lors mener à des économies appréciables.
Les raisons derrière de telles différences de prix sont complexes et dépendent de nombreux facteurs. Néanmoins, nous tenterons d’apporter des pistes d’explications à ces disparités. Celles-ci ne sont pas exhaustives.
Tout d’abord, il faut bien comprendre que la provenance du gaz qui circule dans les réseaux européens n’est pas la même partout. En Belgique par exemple, on ne produit pas de gaz naturel, on l’importe. Et suivant son lieu d’origine, les prix fluctuent. Toutefois, le pays possède un avantage conséquent : le port de Zeebrugge. Il agit comme une plaque tournante de la route du gaz internationale. Cela permet aux fournisseurs d’énergie d’acheter du gaz à des prix compétitifs. Par répercussion, les consommateurs belges en profitent également.
Au Pays-Bas, le niveau des taxes a drastiquement augmenté ces dernières années afin financer la transition vers les énergies renouvelables. Cela explique pourquoi le prix du gaz atteint un tel niveau. On peut cependant s’étonner du coût de la composante énergie, alors que le pays produit son propre gaz.
Au Royaume-Uni, les politiques sont plus libérales. Les Britanniques sont nettement moins taxés que leurs comparses européens, tandis qu’ils payent sensiblement la même chose qu’eux pour la molécule de gaz et l’entretien des réseaux.
En France, malgré un marché libéralisé depuis 2007, peu de fournisseurs font le poids face à Engie et EDF, les fournisseurs historiques du pays. Cela pourrait expliquer pourquoi il y a peu de pression sur les prix de la composante énergie.
Si les prix du gaz tirent vers le bas dans les pays voisins observés ces derniers mois, c’est bien en Belgique que l’on enregistre la chute la plus spectaculaire.
Laurent Jacquet avait émis les raisons suivantes pour expliquer cette baisse du prix du gaz dans notre pays. Si sa déclaration date de septembre 2019, elles restent pertinentes aujourd’hui.
Enfin, on ne peut ignorer les conséquences de la terrible crise sanitaire qui a frappé le monde en 2020. Le confinement des populations qui en a découlé a précipité le cours du pétrole dans le rouge. Dans sa chute, il a également entrainé le cours des autres énergies, c’est-à-dire de l’électricité et du gaz.
Étant donné que depuis mi-octobre, l’Europe est en proie à la seconde vague d’infection de la COVID-19, il est fort à parier que les prix ne remonteront pas tout de suite.
Les prix baissent, mais certains d’entre vous ne l’ont peut-être pas ressenti sur leurs factures de gaz. Si c’est votre cas, mieux vaut vérifier au plus vite vos tarifs. S’ils sont plus élevés que la moyenne de votre Région, ou pire, que celle de certains des pays observés ci-dessus, il est temps de changer de contrat immédiatement.
Ce genre de situation concerne particulièrement les ménages qui auraient signé un contrat d’énergie à prix fixe il y a plus d’un an. En effet, cela signifierait que leurs tarifs sont restés identiques, alors que la facture moyenne de gaz a chuté de 16 % par rapport à septembre 2019, et de 39 % par rapport à septembre 2018.
>> Lire aussi : Comment changer de contrat d’énergie ?
Les Belges se trouvent dans une situation confortable en ce qui concerne le prix du gaz. En effet, notre pays impose peu de surtaxes sur le prix du gaz, ce qui nous permet d’avoir une plus grande influence sur le prix de l’énergie.
De surcroit, les conditions économiques, météorologiques et logistiques font que nous pouvons actuellement bénéficier de tarifs particulièrement bas.
Si vous n’avez pas changé de contrat de gaz depuis plus d’un an, il est donc grand temps de le faire. D’agréables économies vous attendent au bout du chemin.
Rappelons quelques informations utiles concernant le marché du gaz naturel sur notre territoire.
La consommation de gaz moyenne d’un ménage belge équivaut à environ 23.260 kilowattheures (kWh) par an. Mais vous avez peut-être l’habitude de visualiser votre consommation de gaz en termes de volume, c’est-à-dire mesurée en mètre cube (m3). Pour convertir une unité à l’autre, il faut compter que 1 m3 comprend entre 9,53 en 12,79 kWh. Cela dépend de son pouvoir calorifique.
L’étude commanditée par les régulateurs citée dans cet article se base donc sur cette consommation de base. Pour rendre la comparaison pertinente, elle pose comme hypothèse qu’elle est identique dans les pays voisins.
Le tarif du gaz varie selon les différents types de contrats et selon les fournisseurs. Ceux-ci les déterminent chaque mois sur base de l’évolution du marché. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre dossier à ce sujet.
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